




Cette banque française vise l’international

Le Crédit Mutuel, longtemps perçu comme une banque tournée vers le territoire français, amorce un virage stratégique d’envergure à l’échelle européenne et mondiale. Entre croissance externe, diversification de métiers, ambitions internationales et prises de position tranchées sur les grandes politiques économiques européennes, le groupe mutualiste affiche désormais des objectifs clairs : renforcer son poids hors de l’Hexagone, tout en restant fidèle à ses valeurs solidaires.
Un cap résolument européen
Le Crédit Mutuel veut accélérer sa diversification géographique et sectorielle pour peser davantage à l’international. Lors de l’assemblée générale de la fédération Centre-Est Europe, Daniel Baal, président de Crédit Mutuel Alliance Fédérale (CMAF), a souligné l’urgence de s’affranchir d’une trop forte dépendance à la France, dans un discours qui a marqué les ambitions renouvelées du groupe au Zénith de Strasbourg, devant plus de 6 000 élus mutualistes.
L’acquisition d’OLB en Allemagne, un tournant majeur
L’achat de 100 % de la banque allemande OLB via sa filiale Targobank représente un pas décisif pour le Crédit Mutuel, qui devient la dixième banque d’Allemagne en termes d’actifs. Cette opération stratégique permet au groupe de porter à 20 % la part de ses activités hors de France, dont 10 % en Allemagne, désormais considéré comme son « deuxième marché domestique » avec un potentiel jugé « immense ».
Un développement progressif en Europe de l’Est et du Sud
Au-delà de l’Allemagne, le Crédit Mutuel continue d’élargir son empreinte européenne. Il est déjà actif en Belgique via Beobank, en Slovaquie, en Italie, au Portugal et désormais en Hongrie avec l’acquisition de Magyar Cetelem Bank. Le groupe mise notamment sur Cofidis, spécialiste du crédit à la consommation, pour s’imposer davantage sur ces marchés.
Une ambition nouvelle en banque d’investissement
En parallèle de son expansion géographique, le Crédit Mutuel veut devenir un acteur significatif dans la banque de financement et d’investissement. Ce métier ne représente encore que 9 % de son produit net bancaire, contre 25 à 35 % chez certains concurrents, mais le groupe compte s’appuyer sur les succursales internationales du CIC (New York, Singapour, Hong Kong) pour croître rapidement.
S’adapter à un contexte économique et géopolitique mouvant
Face à une économie française en berne et une fragmentation géopolitique croissante, les entreprises cherchent de nouveaux relais de croissance à l’étranger. Le Crédit Mutuel veut être à leurs côtés dans cette transition et renforcer ses liens avec les grandes entreprises et investisseurs mondiaux, une stratégie qui s’impose naturellement dans le nouvel environnement mondial, selon Daniel Baal.
Un nouveau plan stratégique sous le signe de la performance et de la solidarité
Le plan 2024-2027 « Ensemble, performance, solidaire » fixe un objectif ambitieux de 5 milliards d’euros de bénéfice net. Avec un résultat net de 4,1 milliards en 2024, le Crédit Mutuel Alliance Fédérale continue de reverser 15 % de ce bénéfice à des projets sociétaux, fidèle à son ADN mutualiste. Le renouvellement du mandat de Daniel Baal pour trois ans conforte cette dynamique, après le départ de Nicolas Théry, son complice de longue date.
Conclusion
Le Crédit Mutuel ne se contente pas d’élargir ses activités : il s’oppose aussi fermement à certains projets européens jugés dangereux. Daniel Baal critique vivement l’euro numérique, accusé d’affaiblir les bilans bancaires, et dénonce le projet Fida comme une menace à la souveraineté des données européennes. En misant sur des solutions privées comme Wero ou Bizum, le Crédit Mutuel entend défendre une vision stratégique et indépendante de l’Europe bancaire, au service des citoyens comme des entreprises.
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